Témoignage de Richard Lüttke

En Août 1971, habitant JAVENE depuis quelques jours je voyais une charpente métallique au dessus de la bute de MONTBELLEUX, je voulais en avoir le cœur net, j’enfourche mon vélo et pars en direction de la coline.

 

Arrivé sur place, règne une activité intense, une grue, un tas de barres métalliques et à ma grande surprise le début qui comme dirait d’un chevalement.

Cela me laisse perplexe…

L’image des mines de charbon, y ayant travaillé, me traverse l’esprit. Ma réflexion fit de courte durée, un grand gaillard en bleu de travail me demande ma présence sur un chantier interdit au public.

Je lui explique et possédant un accent du nord il se présente : Monsieur Jean Thory. Une discussion s’engage alors au pied du chevalement tout en regardant quatre hommes à chaque angle du chevalement : de vrais artistes… occupés à récupérer les travers et les fixées cela dans le vide. Je ne vous parle pas de la sécurité ! Un grand respect à eux :

- Monsieur PHILIPPART Gérard

- Monsieur PHILLIPART Jean Luc

- Monsieur VALERIE Paul

- Monsieur GERARD Patrick

A la commande de la grue,

- Monsieur BOREL Guy.

Ayant le vertige, très peu pour moi !

Monsieur THORY m’explique que la mine était noyée et qu’il pompait ( cela durera plus de 4 mois jour et nuit). De la notre conversation s’enrichie du fait qu’au fur et à mesure que l’eau descend, des galeries vont apparaitre et il faudra les visiter.

Je lui explique, qu'étant fils de mineur et ayant travaillé dans les charbonnages de France, que cela me plait et que je voudrais bien faire partie de cette aventure.

Quinze jours après, je fus embauché à la mine de MONTBELLEUX après avoir donné ma démission à Monsieur NICOUL qui a très bien compris mes racines.

 

GERMINAL

Le chevalement installé avec succès, plus de 27 mètres, nous pouvons descendre dans le puits à l’aide d’un suffi ( grosse bassine ayant de place pour 2 personnes et sans guide) pour visiter les niveaux -27, -60 , -90 et -130.

Notre première impression au niveau -27, le boisage était bon ( sapin) mais nos doigts s’effaçaient jusqu’au cœur du bois. Et cette odeur d’humidité ! Une rigole d’eau à gauche devenait trouble quand nous marchions dans la galerie.

(C'était très important pour nous, nous pouvions ainsi savoir dans quelle direction  nos collègues étaient partis en cas de recherche).

Au toit, des endroits secs dus au poches d’air. Une autre vie commence avec seulement un faisceau de lumière grâce à nos lampes au chapeaux. Le mot mineur prenait toute son importance, pour beaucoup d’entre nous.

Au cours des visites des galeries, nous n’avons jamais trouvé d’armes ou de trésors cachés par les allemands…

Au fur à mesure que nous descendons et visitons les galeries, nous aménageons le puits (guide), installons l’air (vent tube), tuyauterie pour air comprimé et pour le refoulement et ainsi que pour l’électricité. Nous installons nos stations de pompage avec un relais d’au moins 60 mètres et surtout l’échelle de secours.

A partir de là, les travaux au fonds vont démarrer ; au début,  sondage à la main puis avec une main simba pour effectuer des carottages avec monsieur LOPEZ, un géologue chilien. Nous descendons par le puits après avoir démonté un chargeur ST5 . Évidement le personnel augmente de jours en jours, en surface, pour défrichement en vue d'une descenderie.

Le premier accident a lieu au cours d’une remontée de la cage, avec monsieur VALERIE, PHILLIPART et moi-même. Un guide a traversé la cage, coinçant la remontée.

Nous avons évacué la cage pour le dessus et sommes remontés en surface par le train d’échelle ( échelle de secours) mais arrivés au jour, après l'affolement, quel soulagement à notre vue pour monsieur THORY et BOUREL .

Par contre, au jour le treuil était sortit de ses gonds . Pendant les réparations du puits et du treuil, nous descendions par le train d’échelle de secours pour aller effectuer nos travaux au fond avec des arrêts bien mérités au -27, -60 et -90.

Ne jamais oublier que notre seul éclairage était nos lampes frontales pour notre nourriture et notre matériel. Au fond, nous avons restauré et installé des galeries par boisage pour le passage du ST5.

Nos conditions de travail s’amélioraient. A cette époque, après des discussions musclées, j’institue la journée de repos des mineurs, artificiers pompiers, comme dans tous les charbonnages de France  et autres mines.

 

LA DESCENDERIE

Quelques difficultés à la mise en route, un éboulement nous faits reculer notre entrée de 5 mètres. Un spécialiste suédois vient nous prêter main forte pour l’amorchage de l’ouverture (cintrage et gunitage).

Nous réceptionnons un engin  très moderne de foration , JUMBO à 2 bras articulés ( fini nos marteaux perforateurs, nos poussoirs, moins de fatigue et surtout PLUS DE SECURITE étant à plus de 10 mètres de fond de taille.)

La foration s’effectuait de 65 trous, diamètre 53 jusqu’à 2m40 à 3 mètres. Nous avons suivis une formation d’artificier.

Le Géologue Pierre Carré était souvent à nos côtés ou effectuait des relevées : la direction, la pente de la descenderie, des plans pour l’avancement de la descenderie.

Le cycle d’apposte se composait ainsi :

- tracer le fonds de taille,

- foration,

- chargement de l’explosif,

- tirs,

- purge du terrain (arrosage du remblai),

puis gunitage si besoin,

- avancement du vent tube,

- avancement des tuyauteries (air + électricité).

Notre effectif passe à 3 postes fond/jours avec l'arrivée de mineurs venant des 4 coins de la France.

La descenderie en colimaçon et les percements avec les travers bancs pour retrouver les -60, -90 et -110, ont toujours été précis.

Le plus grave accident est celui de monsieur LEMAROIS au cours d’un chargement d’explosifs, d’une plaque de SCHISTE, il a été touché gravement aux jambes.

Au jour la laverie fonctionne bien sous la direction de monsieur PINCON.

 

Au jour, MONTBELLEUX a été en activité avec le dernier matériel à la pointe du progrès.

Les hommes du fonds savaient l’importance des mots Solidarité, Sécurité. Tout le monde y croyait faire sa retraite. Mais le changement de direction, un éboulement avec répercussion au jour, l’expropriation d’une famille et la chute du cours du TUINGSTENE….. Ont eu le dernier mot.

Je me souviendrai toujours du dernier tour de mine après une foration en éventail et un chargement d’explosifs hors normes.

 

Chacun de nous a vécu une belle aventure, pour ma part, l’appel de la pierre a été la plus forte, je travaillais à ROCAMAT, Comblanchien en Côte d’Or.

Une autre aventure commence…..

Témoignage recueilli en 2015.                                           Retour page précédente